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Vacances du LYS :

dernières séances le lundi 25 octobre ; reprise le mardi 2 novembre. A cette occasion découvrez le blog du LYS, ses aperçus sur le yoga et la méditation, ses ouvertures sur la poésie ou l'Inde contemporaine, ses coups de cœur, ses partages divers et variés sur notre époque...




Dernière mise à jour : 10 oct. 2021

"La méditation, dans son ampleur, ne vise pas au bien-être mais à nous faire toucher la vérité.

Cette phrase surprend quand je l'énonce. Pour nombre de gens, le mot même de vérité fait penser à une forme de dogmatisme ou de violence. Il n'y a, me disent-ils, pas de vérité. Mais comment vivre sans un rapport à la vérité ? Comment vivre sans être dans un rapport de vérité avec soi, sans dire la vérité à quelqu'un, sans éprouver l'évidence d'être enfin en rapport avec la réalité ?

La vérité, c'est la réalité qui se montre avec évidence. Or, la non-vérité, c'est-à-dire la confusion et l'occultation de ce qui est, nous fait tant souffrir que toucher à la vérité nous soulage profondément."

Fabrice Midal dans "Pratique de la méditation", Le Livre de Poche

La pratique du yoga et de la méditation nous propose une expérience. Celle de faire l'épreuve du réel. De toucher le réel en se défaisant de tous les filtres que nous avons créés pour nous en détourner. Car souvent nous aimerions que le réel soit autre que ce qu'il est. Cherchant à nous consoler, nous nous attachons alors à des croyances, fruits de notre imaginaire. Oubliant, comme le disait Stig Dagermann, que "notre besoin de consolation est impossible à rassasier".


Il ne s'agit pas de se consoler, non, mais bien de s'ouvrir au réel, à toute l'ampleur du réel, toujours beaucoup plus vaste et riche que le regard étroit et distrait trop souvent posé sur lui. Accordé alors à toutes les dimensions du réel, il devient possible de prendre appui sur lui pour déployer ce qu'il contient de puissance d'être.

Dernière mise à jour : 24 sept. 2021

"Ceci n'est pas une pipe", célèbre tableau de Magritte qui représente... une pipe ! Bien sûr, on ne peut prendre ce tableau et y mettre du tabac pour le fumer. Ce n'est vraiment pas une pipe mais bien un tableau. Les mots ne sont donc vraiment pas les choses. Ce ne sont que des mots. Mais les mots structurent notre pensée. Pour le meilleur et pour le pire. Ils nous servent à tenter d'appréhender le réel, les diverses expériences que nous faisons du réel, "la réalité rugueuse à étreindre" comme disait Rimbaud.


La méditation aussi vise le réel. Idéalement sans mots, dans le silence intérieur de notre présence. Les mots alors n'interviennent, après coup, que dans le partage de cette expérience. Avec toutes leurs limites, leurs imperfections, leurs fragilités, leurs approximations. Les mots ne sont pas les choses, non, comme nous ne sommes pas nos pensées. S'identifier à ses pensées, c'est s'identifier à l'ego, au mental. Le mental est conditionné, façonné, construit par nos parcours de vie : toutes ces chaînes qui nous enferment dans le "formatage" d'une servitude volontaire la plupart du temps inconsciente. La méditation vise au contraire le réel, ce qui est, tel que c'est, et non tel qu'on voudrait qu'il soit.

S'identifier à ses pensées est la première de toutes ces erreurs dont il nous faudra se défaire pour entrer dans la pratique méditative. Les mots ne sont pas les choses, non, mais ils peuvent cependant nous guider, nous dévoiler ce que nous ignorerions sans eux. Ils peuvent nous aider à dessiner un monde plus juste, plus beau, plus aimant. A la condition bien sûr de ne pas être le fruit de nos agitations mentales, de nos conditionnements divers et variés. A la condition d'être le fruit de notre expérience du réel et non plus seulement de nos projections, de nos a priori, de nos jugements formatés et préjugés plus ou moins conscients. A la condition d'exprimer véritablement le réel comme cherche à le faire la poésie, car le réel ne se pense pas, il s'éprouve dans le corps et par le corps. Le réel est un ressenti non contaminé par le mental. Son contact nous décille et nous ouvre les yeux. Nous pouvons alors laisser surgir les mots qui l'expriment et non plus projeter sur lui nos pensées formatées. Nous apprenons ainsi à bien nommer les choses, c'est le sens du mot : bénédiction, "bien dire" . A contrario "mal nommer les choses (comme le dit Albert Camus) c'est ajouter au malheur du monde". "Mal dire" les choses est une malédiction. Une malédiction qui aujourd'hui se propage comme un virus au cœur de nos sociétés malades.


Les mots ne sont pas les choses, non, mais ils tentent, relèvent le défi, bien difficilement et jamais définitivement, comme Sisyphe avec son rocher, d'exprimer, de dire, d'affirmer notre commune humanité, et ce partage de vie que nous faisons à chaque seconde avec tout le vivant qui nous entoure.


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